Continuum de Ligeti
#1 5/08/2010 à 21:30
Continuum de Ligeti
Voici un "morceau" que j'ai découvert récemment, une pièce pour clavecin de Ligeti appelée "Continuum".

http://www.youtube.com/watch?v=iPgwF3G5i4k&feature...

Outre le fait amusant d'utiliser un instrument ancien, associé en grande partie à la musique baroque ou classique, pour faire de la musique contemporaine, je trouve que cette oeuvre repousse les limites de ce qu'on considère être de la musique.
Il est évident qu'on ne doit pas considérer ce morceau comme un morceau dont on pourrait écouter une mélodie, ou suivre un rythme, une harmonie... le titre l'indique, c'est une sorte de mouvement perpétuel, un son ininterrompu, qui se complexifie au fur et à mesure, se dépouille, se reconstruit, se déconstruit, tourne à vide, explore les limites de la sonorité, jusqu'à un paroxysme édifiant (qui me fait un effet incroyable) avant de retomber dans la simplicité la plus dépouillée, dans l'aigu, de plus en plus nu, comme un filet d'air de plus en plus mince...

J'ai assez de mal à décrire ce que c'est, et c'est peut être inutile.
Ecoutez, en entier, même si vous trouvez ça "bizarre", "moche". Ca mérite le détour.
Dernière mise à jour le 7/08/2010 à 22:46 par Lysander1.
#2 5/08/2010 à 22:56
Salut,


Tu arrives à le jouer? Je le trouve assez complexe quoique pour toi ça doit aller.

Je préfère la fin que le début. Mais bon c'est vrais, c'est très bizarre.
Il faut mieux vivre un jour comme un lion que 100 ans comme un mouton!
#3 6/08/2010 à 7:12
Je ne suis pas claveciniste, et je ne l'ai pas appris
#4 6/08/2010 à 9:12
C'est impressionnant, un poil angoissant à un moment, et surtout déroutant !
#5 6/08/2010 à 11:50
J'adore Ligeti ^^ je crois bien avoir passé des heures à l'écouter en Corée.
Mon préféré reste Atmosphères, mais celui-là s'écoute assez bien aussi.
(il faut dire qu'après le poème symphonique pour 100 métronomes, ma définition de "ce qui s'écoute" a été radicalement élargie XD)
possesseur d'un membre du CITJAD : Commando International des Théières Japonaises Armées et Dangereuses.
#6 6/08/2010 à 18:26
Si c'est stressant, tant mieux, c'est que ça t'a fait de l'effet ! Au moins, tu n'as pas juste trouvé ça sans intérêt, et zappé au bout de 30 secondes. Ca montre que la musique n'est pas qu'un chose qui divertit l'esprit et charme l'oreille, elle est aussi capable d'interpeller et de nous faire dire "putain ça fout les jetons" ou remettre en cause notre vision de la musique.
#7 6/08/2010 à 22:25
Le type, il frappe un peu n'importe comment sur son clavier pour en sortir un bruit que moi-même je saurai le faire âgé de 5 ans ! Nan ?
#8 6/08/2010 à 22:53
Citer:
Posté à l'origine par: livingdeaddoll

Le type, il frappe un peu n'importe comment sur son clavier pour en sortir un bruit que moi-même je saurai le faire âgé de 5 ans ! Nan ?

nan. "On" est généralement habitué à tonale (avec une tonalité : fa majeur ou mi mineur par exemple) et le temps est pulsé (on peut marquer la pulsation).
Ici, c'est une pièce atonale, et avec un temps lisse. Mais cela ne veut pas dire que c'est n'importe quoi, c'est juste différent de ce que tu peux avoir entendu.

J'aime beaucoup la fin, avec le bruit des touches de clavecin ^^

Si, comme Jinoc, je peux me permettre une référence autre : Lux Aeterna, toujours de Ligeti http://www.youtube.com/watch?v=q-ySLWZVcXw
#9 6/08/2010 à 22:57
Si je tape n'importe comment pour en sortir du bruit, ça veut dire que c'est atonale avec un temps lisse, donc que je suis doué ?!

Ça n'a rien à voir, mais ça j'adore :

#10 6/08/2010 à 23:07
"Si je tape n'importe comment pour en sortir du bruit, ça veut dire que c'est atonale avec un temps lisse, donc que je suis doué ?!"

Bah nan, si tu tapes n'importe comment ça donnera quelque chose de hasardeux, irrégulier, non réfléchi !
#11 6/08/2010 à 23:10
Citer:
Posté à l'origine par: Lysander1

"Si je tape n'importe comment pour en sortir du bruit, ça veut dire que c'est atonale avec un temps lisse, donc que je suis doué ?!"

Bah nan, si tu tapes n'importe comment ça donnera quelque chose de hasardeux, irrégulier, non réfléchi !


Comme tu doute de moi triste
#12 7/08/2010 à 19:06
Tic-Toc-Choc joué habituellement sur clavecin mais...au piano !





...Juste pour l'auteur du topic qui à l'air d'aimer le piano sourir
Dernière mise à jour le 7/08/2010 à 19:07 par K+.
K+
#13 7/08/2010 à 20:56
J'suis la seule à trouver ça vraiment "joli" ? Franchement ... ça me fait pas du tout l'effet d'une alarme personnellement. Ça me fait penser à une grotte. J'trouve ça assez cocooning comme musique. Ca me donne envie de prendre un livre, un thé et de me caler dans une couette en plumes.
Dernière mise à jour le 7/08/2010 à 20:57 par mulch.
#14 7/08/2010 à 21:00
La dernière vidéo est chouette à écouter. On dirait du Clara Bauman dans "L'éffrontée".
#15 11/08/2010 à 0:50
Moi c'est ce topic qui par moments me parait stressant, angoissant, voire lisse et atonal.

Mais c'est plus dans ses variations que dans son premier mouvement bien sûr...
Dernière mise à jour le 11/08/2010 à 0:51 par Fifrelin.
#16 11/08/2010 à 16:21
Citer:
Posté à l'origine par: Fifrelin

Moi c'est ce topic qui par moments me parait stressant, angoissant, voire lisse et atonal.

Mais c'est plus dans ses variations que dans son premier mouvement bien sûr...


Quit your bitching, fancy pants !

J'ai lu tous les commentaires et de là je m'attendais à quelque chose de vraiment très angoissant, un supplice musical, quelque chose de complètement déconstruit (et non pas ce qu'un gamin pourrait jouer en tapant les touches au hasard...). A ma grande surprise, même si je ne suis pas du tout habitué à entendre ce genre de mélodie, j'ai trouvé ça plutôt agréable, construit, avec un rythme très particulier si on tend bien l'oreille et qu'on ne prête pas attention à la bizarrerie que suscite le son de l'instrument.
#17 18/08/2010 à 21:43
Pour les amateurs de boîte à punaises, ouïr avec ceci la Passacaille hongroise du même Györgi Ligeti. Le compositeur y reprend une forme savante assez fréquente dans la musique des XVIIe et XVIIIe siècle, la passacaille, reconnaissable entre autres à sa basse obstinée et son développement en variations sur thème. La sensation-phrase qui m’en reste est, à peu près, celle d’une horloge cosmique qui se disloque dans sa propre mécanique. J’ajouterais, malgré la platitude de la paronomase : une danse-décadence. Et même, emporté par un subit élan cioro-gracquien : tout l’Occident en tant que « pourriture parfumée ».

Le Continuum n’a rien d’une « sonnerie de téléphone ». Le clavecin y acquiert la démesure de l’orgue, sans grand frère de toujours plus « sérieux », et trouve une puissance contre-nature dans la superposition bourdonnante de ces lignes dont le rythme est celui de son ornement emblématique, la trille, qui semble ici comme bloquée, perpétuée ad vitam. Un petit élément familier de la littérature pour clavecin devient tout le clavecin. Ici comme dans la Passacaille, et comme dans d’autres pièces de Ligeti, peut-être tout Ligeti, il y a un vertige historique, quelque chose qui est tiré du passé mais qui ouvre, plutôt qu’un dialogue avec celui-ci, un abîme. Mais je crains de devenir ésotérique.

(De toute évidence, le vertige (dans tout son paradoxe, qui est d’être à la fois une angoisse et une fascination à l’égard du vide) et le cosmique sont deux mots qui me viennent souvent à l’écoute de Ligeti - mais pour le dernier, je suis sûrement corrompu par l’Odyssée de Kubrick.)
Dernière mise à jour le 18/08/2010 à 21:44 par Michel Sucre.
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