trees
Posté le 15 Octobre 2011 par trees dans la catégorie Technologie





Il est déjà bon de mentionner que Biophilia s'inscrit dans la lignée des albums expérimentaux de Björk. Volta était accessible, teinté de d'ethnic-chic, les mélodies étaient pop / folk et les lignes instrumentales était plutôt communes. Ici, on change à 180°. Dépassant le simple CD 10/13 titres, Biophilia se révèle en tant qu'œuvre contemporaine usant des possibilités d'aujourd'hui sans contrainte. Entre ses applications pour Apple, quelques instruments créés pour le projet et une présentation live très complète, le tout dernier album de Björk laisse à croire qu'il s'agit du projet de l'artiste le plus complexe.

Le disque, quant à lui, commence avec le troisième extrait de l'album « Moon ». On commence donc par ce que Biophilia à de ce qu'il y a de meilleur et de plus représentatif à offrir. Le morceau, signé Damian Taylor et Björk progresse doucement et évolue du début à la fin. Si les harpes sont censées représenter le mouvement rotatif et cyclique de la lune, c'est pourtant la structure de la production qui fait penser à la lune. On ne commence que par l'entrevoir pour, à la fin, l'admirer dans toute sa splendeur. Qu'on se le dise, à première écoute, le titre déroute comme ensorcelle. Par la suite, il devient le titre le plus obsédant et enivrant du projet. S'en suit la version originale de « Tesla », « Thunderbolt ». La structure de cette chanson fait une fois de plus penser à un phénomène naturel : la tempête. C'est de moins en moins stable jusqu'à ce que les sons naturels enregistrés par Leila Arab vienne rendre « Thunderbolt » presque dangereux. L'a capella voix / chorale est osé, Björk bouleverse les codes basiques pour rendre le morceau vibrant et électrisant. Une très belle réussite.

En troisième titre se trouve la seule déception de l'album. Une erreur plutôt. Non pas que Crystalline soit déplaisant, loin de là, mais les modifications apportées à la version originellement présentée dérangent. On en sort avec l'impression que toute l'énergie originale a été drainée pour laisser place à quelque chose de dénudé, de ramolli. Dénudé et modifié également, la piste suivante, second extrait de l'ère, « Cosmogony » a été revue et apaisée (oui, c'est possible). Les cuivres bruts se sont fait la malle pour laisser entrer une version plus proche du Mix 1 de Matthew Herbert. Mais l'intensité n'a pas changée. Les cœurs s'éveillant aux refrains font de cette version une version plus logique que l'originale, voir plus poignante.

C'est en cinquième titre qu'entre le controversé « Dark Matter », sans doute le titre le plus introspectif de l'album et ni plus ni moins que l'un des meilleurs. L'intention, on la connait déjà de « Bath » issu du projet « Drawing Restraint 9 » de Matthew Barney. Un instru légèrement avant gardiste et atmosphérique cousu sur un a capella d'improvisation au non-sens presque typique des pays du nord. Seulement ici, bye bye Akira Rabelais et ta chaleureuse composition de piano de chevet et bonjour petit orgue planant et sinistre. Quoi qu'il arrive, on se sort pas indemne du titre et pour ma part le nombre de lecture commence à devenir dangereusement élevé.

Mais le genre sinistre s'arrête pour laisser place à une composition faisant fortement penser à du merlin l'enchanteur. « Hollow ». A première écoute le titre porte à rire dans le sens où la compo est tellement déroutante que l'on ne sait plus où on est. On s'en imprègne par la suite et on découvre un morceau très viscéral, très imprégnant. On y ressent presque ce qui y est dit. On est dans du Björk nouveau et inédit et, pour sure, très loin de la pop pour le coup. On est fixé, Biophilia est officiellement introspectif et expérimental.

Bon, sauf le suivant bien sur. (Bon sang mais on est où alors ?!) « Virus » fait toute la gloire du Gameleste. Un peu plus pop et beaucoup plus chaleureux que les autres, le titre est musicalement très réussit et l'harmonie entre toutes les entités sonores est parfaite. On prépare d'avance les mouchoirs pour le titre suivant. « Sacrifice ». J'y entend la détresse de la Desperate Musulman Housewive portant bourqa ou voile. Le morceau arrive au bon moment, celui où les nerfs de toutes ces femmes commencent à exploser et où il est grand temps qu'on les écoute. Musicalement, le morceau est également vraiment très puissant et enivrant. Le mixage est intense et ultra-immersif. Bravo.

Mon premier est celui qui mettra tout le monde d'accord, mon second est celui qui fera vibrer nos nerfs, mon dernier est celui qui s'inscrit le plus dans l'ère du temps. « Mutual Core » utilise Dubstep à la 16Bit et orgue à la mélodie entêtante presque « ethnique », le tout avec la touche le l'auteur de One One. Résultat : un titre qualifié à sa juste valeur, pour le coup, de volcanique. On en est raide dingue. On finira alors par un « My Juvenile » façon Biophilia, « Solstice ». On y trouverais presque un jeu sur la lune plus logique que le premier titre de l'album. La stéréo des cordes est vraiment très cyclique. Quant à son aspect musical, il s'avère être à la fois apaisé et énervé. Deux impressions due à la palette vocale de la chanteuse. Et il n'y a franchement rien à redire sur le texte de Sjón. Bref, un bel au-revoir si vous avez optez pour l'édition basique.

Pour finir, Biophilia s'inscrit honnêtement sur la ligne de Medulla. Introspectif et personnel. Et tout fonctionne. On aime également le fait que cette ère soit très complète. Qu'un CD live existe quelque part, que des versions dites Scores se trouvent ici ou là... Il y a du contenu. Côté packaging, on ne réussit pas à vaincre l'édition 5.1 collector de Volta (presque packageart) mais M/M Paris nous offre un bel objet digipack très satisfaisant. Bref, Biophilia s'est installé dans mes oreilles et y restera pendant encore longtemps.
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