White Wolf
Posté le 24 Janvier 2016 par White Wolf
Chapitre 9 :

Le dîner se déroula sans encombre. Nous avons peu parlé, comme à notre habitude lors des passages longs et peu actif d’une journée. Nous nous laissâmes aller à la dégustation de nos plats respectifs avec tranquillité. Erwin n’était pas un cordon bleu et ses plats le prouvaient, ils n’étaient pas d’une qualité démentielle. En tout cas ce n’était pas dégelasse non plus, donc ça allait. Une fois avoir terminé mon plat, je le regardais avec un sourire.

-C’était excellent.

Il me regarda dans les yeux, ayant l’air d’y vouloir lire quelque chose. Ce contact entre nos regards fut pour moi comme si il entrait en moi et que je perdais tous mes secrets. Mais ce ne fut qu’un instant, car il dévia son regard rapidement avant de me répondre :

-tu mens.

Je haussais un sourcil. Comment avait-il déduit ça ? Peut-être qu’il disait ça au pif, mais je trouvais qu’il disait ça avec beaucoup d’assurance dans son ton. Je n’étais pas sûr, mais j’ai déjà entendu dire que si la pupille d’une personne se dilatait, c’est qu’il mentait. Sûrement une réaction physique du au stress, comme transpirer ou sentir son cœur battre plus vite et plus fort que d’habitude. Même si je trouve que fixer quelqu’un dans les yeux avec un air suspicieux est plus provocateur de stress que révélateur d’un stress, mais bon. Bizarrement, je ne croyais pas qu’il ait utilisé une telle méthode, que c’était autre chose…je prenais un air toutefois surpris.

-Comment ça ? Je trouve ça bon, moi.

-Je ne veux pas qu’on me fasse plaisir, je veux la vérité.

Il me répondit ça avec un ton de reproche. Je ne pensais pas qu’il allait se sentir aussi vexé pour si peu. Il sembla remarquer mon air intrigué, car il se retourna à nouveau vers moi.

-Tout le monde ment car ils trouvent ça mieux, mais c’est avec la vérité qu’on évolue. Je pensais que tu étais capable de comprendre ça.

-Mais…C’est un petit mensonge social, rien de bien méchant…

-Si tu me disais sincèrement que je cuisinais mal, alors je pourrais peut-être apprendre à mieux cuisiner la prochaine fois au lieu de continuer à mal faire en pensant bien faire.

Me sentant mal à l’aise, je soupirais en fermant les yeux.

-Désolé…

-C’est bon, juste…évite de me mentir s’il te plaît. Peu importe ce que tu penses, dis-le.

Je hochais la tête pour lui faire comprendre que j’avais enregistré l’information. Suite à celç, nous restions silencieux, mais cette fois-ci ce n’était pas un bon silence. Celui-là était gêné et je crois que nous deux ressentions une certaine lourdeur. Après une minute, Erwin reprit la parole :

-Ne laissons pas ça gâcher la soirée. Je ne t’en veux pas, l’erreur est humaine.


Je lui jetais un œil et remarquait un sourire se voulant rassurant. Je constatais qu’il se laissait plus aller et souriait plus souvent depuis le début de cette journée. Le trouvant gentil de me rassurer, je lui sourirais en retour. Ses yeux étaient posés sur moi et je me sentais bien. Il avait un regard chaleureux et protecteur, comme un animal devant sa portée. Un sentiment agréable de sécurité m’absorbait et m’avait naturellement aidé à arrêter de culpabiliser pour ce que j’ai dit et passer à autre chose. Alors que la plupart des gens règlent les problèmes avec la parole, Erwin le faisait avec les yeux. Il y avait comme quelque chose de magique en lui.

Il se leva, prit ses couverts et son assiette et je fis de même. Je le suivais vers la machine à laver et déposa mes affaires avec autant de soin que lui. Il était tellement minutieux avec tout ce qui se trouvait chez lui que je ne voulais pas l’offenser en mettant mon assiette au mauvais endroit ou quelque chose dans le genre. J’entendais soudainement un petit bruit répétitif et me tournais vers sa source. Même si il faisait assez noir dehors, je réussissais à distinguer une petite forme taper son bec contre la vitre. Je m’approchais et ouvrait la porte vitrée pour laisser rentrer Aaron, qui me regarda d’abord avec un air suspicieux avant de sautiller à l’intérieur. Meh…Il fallait que je lui laisse le temps de mieux nous connaître. Je relevais la tête et vit la piscine devant moi.

-Lucas, il est encore assez tôt, si tu n’es pas fatigué on peut trouver quelque chose à faire.

-J’aurais aimé nager un peu, vu qu’il ne fait pas trop froids dehors. Mais je n’ai pas de maillot de bain.

-Je peux te passer le miens si tu veux.

-ok alors.

Il sortit dehors jusqu’à un interrupteur, allumant les lumières de la piscine. Les lumières donnèrent soudainement à l’eau une couleur turquoise, un grand carré lumineux dans l’obscurité. Il s’engouffra dans une ouverture dans le mur avant d’en revenir avec un short de bain qu’il me lança. Je le rattrapais en l’air et regardait ses mains, ne tenant rien d’autre.

-Et toi ?

-Quoi moi ?

-Ton maillot ?

-Je n’en ai pas d’autres.

-Oh non, c’est dommage. Je ne vais pas me baigner sans que tu en profites aussi.

-J’irais sans, me répondit-il finalement en haussant les épaules.

Je me retournais vers lui, le regardant avec un air espiègle. Je savais qu’Erwin faisait rarement des blagues, mais je décidais de prendre sa phrase comme tel et rigola un bon coup.

-Je ne savais pas que monsieur à des tendances naturistes.

-Je ne suis pas naturiste, ça ne me gêne juste pas.

-Tu n’es pas pudique ?

-Pourquoi ? Il y a un problème avec mon corps ?

- Non, enfin je ne pense pas, la dernière fois tout semblait bien.

Je mentionnais le passage où il avait enlevé sa chemise pour l’essorer dehors, la première fois qu’il est venu dans ma maison, mais dire ça me fit légèrement rougir.

-Bon eh bien il n’y a pas de problèmes alors. Et cette vision te dérangerait ?

Je prenais un visage plus sérieux, ou plutôt confus. Je me demandais un instant si c’était une ques-tion piège. Devais-je dire non ? En tout cas, j’avais appris il y a quelque minute qu’il voulait la vérité, mais…au fond, je ne savais pas non plus la réponse. Car ce n’était pas que je ne voulais pas le voir, mais…en même temps ce n’était pas un grand désir non plus…Si ?

-Heu…non, pas vraiment.

Erwin me regarda un instant, semblant presque inquiet.

-Tu préfères qu’on évite ? Je comprendrais si tu n’aimerais pas.

Je restais silencieux un instant, réfléchissant. Je ne pouvais pas abuser de lui comme ça. Mais ce n’était pas de l’abus, au fond. Après tout c’est lui qui a proposé ça et ne semblait pas dérangé. Mais ce n’était pas une bonne chose également…Restant un peu confus, je haussais les épaules et Erwin prit ça pour un oui.

-partons du principe qu’il n’y a qu’une seule façon de le savoir

Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il me fis un sourire et retira son t-shirt, le laissant tom-ber sur le sol. Son torse était comme la dernière fois que je l’avais vu: beau, à la peau semblant douce, couvrant des légers muscles. Toutefois, je remarquais un nouveau détail : de nombreuses cicatrices, majoritairement des coupures, qui étaient réparties un peu partout sur son corps. Bien qu’il me fasse face, j’étais sûr que c’était la même chose sur son dos. Il me regardait tout le long du procédé et j’avais du mal à quitter son regard. J’étais déchiré entre le désir de garder ses yeux dans les miens et celui de…le regarder faire. Et c’est avec une moitié de déception que je gardais le contact oculaire. Même si je ne voyais pas le reste, j’entendais ses mouvements, le sentais, ressentais, plutôt. Je percevais ses actions, comme si l’imagination me permettait de le voir. Le voir déboutonner son bas, sa braguette…Le bruit du tissus coulant sur sa peau, de la ceinture s’effondrant sur le sol…Le son d’un élastique tiré entre deux doigt…Je voyais tout dans mon esprit et pourtant je ne voyais que ses yeux. Ses yeux bleu pur, azuré, ce puis profond dans lequel je m’étais déjà noyé auparavant et dans lequel je me sentais m’y perdre à nouveau. Je me sentais bien, merveilleusement détendu pour une raison inexplicable, comme si voir le bleu de ses yeux pouvait apaiser tout un être.


-Tout va bien ? Me demanda Erwin avec un ton doux.

-Oui…Très bien.

Je le savais nu, entièrement nu comme un vers devant moi et cela me faisais sentir…Il s’avança len-tement vers moi et repris la parole, avec beaucoup de légèreté, presque dans un chuchotement.

-J’aime être avec toi.

C’est à ce moment qu’il détourna légèrement son regard, lâchant son emprise sur moi et me permettant de pouvoir mieux le regarder. Cela dit, ce n’était pas comme si je longeais mon regard sur lui, non. En vérité, j’ai continué de regarder son visage. Ce n’était pas tant son corps que je désirais, mais lui. Lui en tant que tel. Je lui offrais un sourire et approcha ma bouche de son oreille, lui soufflant :

-Moi aussi…

Nous restâmes un instant dans cette position, nos têtes à quelque centimètres l’une de l’autre. C’aurait été trop facile de juste m’éloigner alors qu’on était si près, alors j’ai fait quelque chose qui moi-même me surpris : j’ai décidé de porter mes dents à son oreille et de la mordiller légèrement.

J’entendis sa respiration comme s’alourdir un peu, ou alors peut-être que c’était un soupir de sa part. Mais quoi qu’il en soi, je reculais lentement et le regarda, rougissant un peu et ressentant un peu de honte pour mon action. Pourquoi avais-je fais ça ? En vérité, la seule réponse valable était : parce que j’en avais eu envie. Je venais de faire ce qui m’était passé par la tête, régit par le simple désir de lui faire ça. Mais le pire, c’est que je crois que ce détecteur de mensonge et de vérité qu’était Erwin s’en était rendu compte, car il me sourit à nouveau et s’approcha pour m’embrasser. C’était en train d’arriver. C’était vraiment en train d’arriver.

Lorsque l’on est jeune, vierge et « innocent », on imagine les premières fois comme les plus belles. On fantasme dessus, nous y plaçons nos rêves, nos espoirs d’une chose belle et délectable, comme lorsque l’on ouvre un cadeau de noël et que l’on sait ce que l’on va recevoir. Mais rien ne nous at-tend, absolument rien ne nous attends à ce que ce jour soit le lendemain, soit dans deux heures, deux minutes, deux secondes. On fantasme, mais on ne pense jamais que cela va arriver et cela vient au moment où l’on ne s’y attend pas. En sentant les lèvres d’Erwin sur les miennes, il y avait une petite part de désillusion, dû à la surprise (car je ne m’attendais pas à embrasser quelqu’un pour la première fois aujourd’hui). Mais malgré ça, l’expérience restait magnifique. Nouvelle, me donnait envie de le découvrir plus…

C’est ce qui arriva d’ailleurs, car après son premier baiser, je ne pus me retenir qu’un instant avant de lui en offrir un autre. De l’amour ? Non, pas vraiment…Je n’étais pas réellement amoureux d’Erwin comme on l’entendrait. L’amour vient au fil du temps, c’est quelque chose qui se fortifie par les actes, par la relation qui évolue. Je pense que c’était plutôt de l’attirance. Une attirance forte du à un camarade qui me charmais et me plaisais sans que j’en ai eu vraiment conscience. Je pense que c’était pareil pour Erwin, dont je ne remettais pas la sensibilité en cause, mais dont je ne croyais pas amoureux de moi. Juste attiré, attiré comme deux êtres qui voyaient le beau en l’autre et qui voulaient toucher ce beau, goûter ce beau…

Après ce second baiser, il recula la tête avec un sourire et sa main se plongea dans ma chemise, caressant doucement mon torse. Ce contact me fit frémir et Erwin a dû le sentir, car il la retira calmement. Ce n’était pas désagréable, bien au contraire, il avait mal interprété ma réaction, mais je me retenais de lui faire ce commentaire lorsqu’il commença à déboutonner ma chemise. Un bouton par bouton. Je ne pus m’empêcher de garder mon sourire aux lèvres et lui murmurer :

-On part toujours nager là ?

-Tu veux toujours nager ?

-Je ne sais pas.

Il retira délicatement ma chemise et s’arrêta un instant, avant de se mettre à mon bas. Je commen-çais à sentir mon corps de réchauffer face à ce qui était en train de se passer. C’était la première fois que j’étais dans un contact aussi intime avec quelqu’un et l’effet que cela me faisait était…puissant…En quelque secondes, je me retrouvais en caleçon devant lui. Je regardais le maillot de bain dans ma main, et décida de le jeter sur le côté.

-Je n’ai pas besoin de ça.

Il m’offrit un de ses petits sourires appréciateurs et il avança ses mains. Mais avant qu’il fasse quoi que ce soit, je pris les devants et posa mes mains sur mes hanches, prenant l’élastique de mon boxer et le descendant lentement. Et nous y voilà. Tous les deux entièrement nu, face à face comme des cons. Il y eu un moment de silence où nous restions immobile, se contentant de nous regarder, mais rapidement Erwin fit le premier pas et posa ses bras sur mes épaules. Il se rapprocha et m’embrassa à nouveau, avec plus de fougue. Un peu plus de salive aussi, mais plus d’énergie, d’envie. On avait déjà fait ça, mais sincèrement, je ne m’en lassais pas. Alors je continuais de l’embrasser, et lui aussi. Nous enchainâmes les baisers, tantôt plus doux, tantôt plus fougueux. Mes mains, d’abord timides, se décidèrent à se promener petit à petit sur son corps. Ses cheveux, ses épaules, son dos, ses hanches, ses fesses…Celles d’Erwin restaient autour de ma tête, comme pour m’empêcher de fuir, me faire tenir sur place. Mon cerveau s’embrumait lentement face au plaisir et le sang pulsait rapi-dement dans mon cœur. Je me sentais de plus en plus excité, baiser par baiser et je me rendis compte après un certain temps que je m’étais mis à bander comme jamais je ne l’avais fait. Je sentais mon organe au contact du siens, qui semblait être dans le même état. Et ce contact me fit parcourir d’un frisson phénoménal. Etais-ce toujours comme ça lorsque l’on est intime avec une personne que l’on désire ?

Erwin arrêta un moment de m’embrasser et me fit un sourire, mais cette fois ci…ce n’était pas réel-lement de la joie, mais comme un peu de…tristesse…

-Je suis un menteur…

Je fronçais les sourcils, intrigué par ce qu’il venait de dire. Un menteur ? Qu’est-ce qu’il…

Je rapprochais ma main de son visage, mais en voyant mon geste, il recula. J’avais dit ou fais quelque chose qu’il ne fallait pas ? Je voulais lui demander, mais je me retenais. J’avais le sentiment qu’il fallait que je lui laisse le temps de se calmer, car il semblait paniquer un petit peu.

- Je ne peux pas, me dis-t-il. Je ne peux pas…

-Qu’est-ce que tu veux dire ?

Je me demandais l’espace d’un instant si ce n’était pas par rapport au fait que nous étions tous les deux du même sexe. Chacun l’acceptait à son rythme et ça m’a mis également un certain temps pour accepter le fait que filles et garçons, je les rangeais dans un même panier. Il me jeta un bref regard et secoua la tête, comme pour répondre à ce que je venais juste de penser.

-Je te mens, Lucas. Je te demande d’être sincère et je n’ai fait que mentir.

Je m’approchais et avança à nouveau lentement ma main. Cette-fois ci, il ne recula pas et je pu poser la paume sur sa joue. Je voulais le regarder dans les yeux, mais il préférait éviter mon regard.

-Ne t’en fais pas, dis-moi juste ce qui se passe.

Il resta à nouveau silencieux, regardant le sol, puis releva la tête vers moi, une petite goutte d’eau descendant lentement de sa joue. Je crois que c’était la première fois que je l’avais vu pleurer. Pleurer, c’était un bien grand mot, ce n’était qu’une larme très légère et il gardait comme un calme herculéen face à quelque chose qui allait éclater, voulait éclater, mais qu’il se retenait de sortir.

-Je dois te dire quelque chose et ça va te faire peur. Je…Ne t’en voudrais pas si tu voudras partir.
Commentaires
-Alpha_Black- a écrit le 2 Mars 2016
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Tu as intérêt de faire la suite car j'adore
-Alpha_Black-