White Wolf
Posté le 12 Septembre 2015 par White Wolf
Chapitre 1 :

-Un nouveau venu ?

Ma mère avait vite-fait de suivre mon regard vers le point que j’observais. Tous les jours depuis ma plus tendre enfance, je prenais mon petit-déjeuner sur le balcon de ma maison. C’est un petit rituel à moi. Ma maison était une simple bâtisse au pied d’une montagne qui surplombait le village dans lequel j’étais. Plusieurs mètres plus loin, et plusieurs mètres plus en dessous d’ailleurs, nous avions une vue sur un petit parc. Et depuis peu se trouvait dans ce parc, vers 9-10 heures, un gars qui m’était inconnu. J’étais trop loin pour pouvoir distinguer son visage, mais assez prêt pour constater qu’il devait avoir approximativement mon âge, environs dans les 17 ans, donc. Mon village possédait une école maternelle, ainsi qu’un collège, mais pas de lycée. Par conséquent, les rares ados du village devaient prendre le bus pour se rendre à la capitale de l’île, où il y avait évidemment un lycée. Il était donc rare de ne pas connaître chaque garçon et filles du coin. Quand je jetais un œil vers lui, je visualisais tous les gars de mon lycée un a un, me demandant si il ne s’agissait pas de l’un d’entre eux, mais non…Il ne s’agissait d’aucun d’entre eux. Ça aurait pu être Damien, mon voisin de table en classe, mais il n’a jamais touché à un seul livre de sa vie (peut-être qu’il pensait qu’il allait avoir la peste si il touchait la moindre page d’un roman ?) et ce gars que j’observais avait toujours un livre à la main. Parfois il lisait, parfois il le posait à côté de lui et regardait le paysage.

-On dirait bien un nouveau. Il a dû emménager en plein milieu des vacances ou récemment. Ça expliquerait pourquoi les autres et moi, on n’a pas entendu parler de lui.

Les ragots, on en entendait tous les jours avec mes amis, quand on se retrouvait durant les vacances. L’été était très long et on n’avait pas grand-chose à faire. On avait bien divers sports, mais on ne pouvait pas passer des vacances uniquement sur cette activité. Du coup, après être bien épuisé par une partie de football ou de tennis, natation, tout ce que vous voulez, on passait le reste de la journée à discuter de tout et de rien, se balader dans l’île et espérer que le lendemain, l’un d’entre nous aura une bonne histoire à raconter ou une nouvelle à donner. Pourtant, on n’a jamais entendu parler de nouveaux voisins dans la ville.

Devant moi se posa tranquillement ma mère. Elle trempa d’un air distrait sa tartine grillée dans son café en jetant un œil au gars encore inconnu de tous.

-Tu comptes lui parler un de ses jours ? Me demanda-t-elle

- Je sais pas. De toute manière, c’est bientôt la rentrée, je vais forcément faire connaissance avec lui.

Les vacances avaient été tellement longues et chiantes qu’on a vu le temps passer au ralenti. La fin de l’été allait être une libération pour tous ceux qui ne sont pas partit en voyage en août et s’emmerdaient ferme. J’étais l’un de ses gars-là qui s’était emmerdés comme pas possible. Et puis il faisait chaud…Tellement chaud…C’était pesant.

-Il doit probablement s’ennuyer s’il ne connait personne, rappliqua ma mère.

-On est à cinq jours de la rentrée, je pense qu’il survivra

-Il ne pourra peut-être pas s’en faire dès le premier jour. Pourquoi pas le connaître maintenant ? Tu pourras ensuite le présenter à tes amis.

-Oui, oui je le ferais…Le jour de la rentrée.

-Oh allez ! Ce n’est pas comme si tu étais mortellement occupé en ce moment. Tu navigues entre ta chambre, la cuisine et la télé.

-Je te dis que ça iras.

Alors que je disais ces derniers mots d’un ton râleur, elle leva les yeux au ciel. Eh oui madame, un ado n’est pas fait pour obéir, je crois qu’après 17 ans de vie avec moi, tu as déjà dû constater ça.

-Fait ce que tu veux. Tu es un grand garçon maintenant. Juste que ça n’a pas été aussi facile pour toi quand on est arrivé ici.

Ma mère et moi avions quittés Paris suite au divorce de mes parents, puis emménagés dans cette île quand j’avais 14 ans. J’avais eu beaucoup de mal à m’insérer dans mon groupe, de par ma nature anciennement timide. Mais j’ai grandis, j’ai muris et j’étais le plus franc, ouvert et bavard de notre joyeuse troupade de lycéen qu’était moi (Lucas), Molly, Terrence et Paul. J’étais la passerelle principale entre les nouveaux et le groupe, voir, avec tout le lycée: ayant été dans le passé un gars silencieux et réservé, lâché en plein milieu d’une île où tout le monde se connaissait plus ou moins, je connaissais le sentiment des nouveaux-venus et pouvait ainsi les insérer, les mettre en confiance. Ce petit lecteur compulsif qui décidait de se poser tous les matins au parc allait forcément recevoir ma musique une fois que les cours reprendront. Certes, je pouvais sortir pour lui parler aujourd’hui mais…

…Mais ça me faisait juste chier de m’en occuper maintenant. Monsieur lecture attendra !

-T’en fais pas, maman. Je m’occuperais de lui en temps est en heure.

Ma mère partait déjà ranger ses affaires et me tourna le dos pour rentrer à l’intérieur, lançant un « oui oui » distrait, à moitié étouffé par la tartine grillé qu’elle tenait entre ses dents. Elle devait rapidement. Elle devait rapidement rejoindre sa clinique de vétérinaire. Elle détestait être en retard, mais aime dormir longtemps et je suis sûr que ça lui arrivait de dormir dans sa tenue de travail pour enchaîner le plus brièvement possible réveil et travail. Elle fit rapidement sa valise et se tourna vers moi pour me saluer d’un geste de la main, avant de prendre les clés et de quitter la maison.

Maintenant que j’avais l’appartement pour moi, je pouvais enfin me relâcher un peu. Pas que je détestais ma mère, bien au contraire, je l’aimais fort, mais sa présence m’empêchais de passer mes journées à poil, vider la réserve de boisson fraîche et le stock de glaçon : et au milieu d’un jour d’août bien chaud, ça pardonne pas !

Je m’étirais un bon coup et partit dans la cuisine, ayant déjà enlevé mon t-shirt que je lâchais sur une chaise pas loin. Je sortais un soda frais du frigo, que je versais dans un verre préalablement remplis de glaçons et revint dans le salon. Je m’approchais de la baie vitrée du balcon, regardant une dernière fois la silhouette du nouveau à travers les arbres. Je m’appuyais contre le mur et lui leva mon verre

-A dans cinq jours, ptit gars.

Lui, continuait à lire, inconscient du fait qu’un futur camarade de classe trinquait déjà avec lui. Je revenais sur mes pas, enleva mon pantalon et mon boxer, plongea dans le canapé, et alluma la télévision. Fenêtres et portes ouvertes pour laisser passer l’air, ventilo allumé, verre de soda glacé à la main, j’étais prêt à passer une journée à cramer comme une loque humaine.
L’été…Stupide saison.
Commentaires
anthodu84 a écrit le 12 Septembre 2015
0 Votes
Comme pour ta precedente fiction JADORE, cest intriguant, tu fais en sorte que lon ait envie de lire et je sais pqs comment tu le fais mais en tout cas tu y arrives!
anthodu84